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Si les Suisses sont les champions d’Europe pour acheter des voitures grosses et lourdes, le président de l’Automobile club suisse estime que cela correspond au marché et aux goûts des clients.

Thomas Hurter

En 2018, la moitié des voitures achetées en Suisse ont été de gros modèles de type 4×4 ou SUV. Ces véhicules plus polluants font grimper la moyenne des émissions de CO2 a plus de 137 grammes par kilomètre, alors que la Suisse doit viser une moyenne de 95 grammes en 2020. Mais pour le conseiller national Thomas Hurter (UDC/SH), président de l’Automobile club de Suisse (ACS), les Suisses aiment ce type de véhicule et il n’est pas question de les taxer plus lourdement.

Faudrait-il introduire aussi en Suisse, à l’instar de la Norvège, une taxe au poids pour les grosses voitures neuves à essence?
Nous sommes opposés à cette forme de taxe. Il faut laisser le choix aux clients de faire jouer le marché. Il ne faut pas vouloir diriger ou imposer aux Suisses les véhicules qu’ils doivent acheter. C’est le marché et la politique des constructeurs qui jouent leur rôle. Cela ne sert à rien de mettre des taxes supplémentaires pour remplir les caisses de l’Etat.

La modification actuelle du parc automobile suisse avec une forte progression de véhicules SUV, n’est-elle pas en contradiction avec la volonté de diminuer les émissions de CO2 dans les transports?
Il faut considérer la taille du pays. Si l’on veut faire quelque chose pour le climat, il faut agir sur le plan international. Une mesure qui ne serait prise qu’en Suisse n’aurait pour ainsi dire pas d’effets sur le climat. Il faut voir la globalité des problèmes. On veut mettre en avant la mobilité électrique, mais si nous devons importer de l’électricité avec de l’énergie qui vient d’Allemagne, produite avec du charbon, ou de France, d’origine nucléaire, ce n’est pas une solution propre. Si on restreint aussi l’achat de ses voitures en Suisse, les gens iront les acheter ailleurs, dans un pays moins regardant.

Comment voyez-vous l’évolution du parc automobile dans les dix ou vingt ans à venir? Toujours plus de grosses voitures ? Est-ce la fin des petites voitures ?
Non, ce n’est pas la fin des petites voitures. La mobilité du futur va changer énormément. En Suisse, nous sommes bien placés pour développer différentes formes de mobilité. Dans les villes, les véhicules devront être plus petits, avec des formes nouvelles, alternatives, avec peut-être seulement deux places. Pour les trajets plus longs, cela sera des véhicules plus confortables fonctionnant à l’essence, au diesel ou hybride. Nous envisageons aussi l’avenir avec le développement des piles à combustible. C’est vrai qu’aujourd’hui, on a une grande demande de SUV en Suisse. Mais si l’on prend une Tesla, le moyen de propulsion change, mais la grosseur du véhicule est la même… D’une manière générale, les types de véhicules vont se diversifier à l’avenir.

source: Le Matin